Backpack

 

backpack

 

Pour être honnête, j’vous ai tout’d’suite spottés.

Vous r’sembliez à tou’es’aut’ couples que j’avais croisés

Su’l trottoir, su’a beach, d’in bars de motards

T’étais un d’ceux qui scorent à coups d’verres de fort

Un conquistador avide de corps, un carnivore dopé à l’or

 

Au pays du sourire, on s’troue la mémoire

On fuit les regards des filles

Qui sont pognés pour jouer aux dards avec leur vagin

Au très chic « ping pong show! »

« Ping pong, banana, catfish show »

 

J’ai vu qu’t’avais un tatouage Maori, frais fait su’l bras,

Un paquet d’lignes en formes de vagues, de soleils pis d’lézards

Une wanna be œuvre d’art

Fait qu’au lieu d’t’aborder en d’mandant encore

« where are you from, where are you going »

J’ai voulu passer du « where » au « why »

Tu m’as répondu « because I love traveling! »

J’imagine qu’ça t’arrangeait d’croire

Qu’y’a des Maoris en Thailande du Nord

 

J’en avais déjà mon voyage

Mais vu qu’on s’rendait tou’es trois à Luang Prabang

J’vous ai suivi dans un p’tit guesthouse

avec des murs en carton pis des craques

j’vous ai entendus coïter toute la nuit

 

Le lendemain, vu qut’avais amené le pays du sourire avec toi

T’avais encore le sourire collé dans’face

Moi, ça faisait deux mois que j’mangeais d’la noodle soup à ving-cinq cennes

Fait qu’j’vous ai proposé d’aller manger, genre, un sauté

J’sais pas si c’est parce que t’avais déjà sauté gratiss

Ou juste parce que t’étais cave

Tu m’as r’gardée avec un air outré

« Les restaurants, c’est pour les touriste »

Câlisse

 

Vu que vous, vous êtes des backpackers, des voyageurs, des ex-plo-ra-teurs

Mais surtout pas des touristes

On est tous allés dans une place surtout pas pour les touristes

Une immense hutte faite en pailles et en pierres

Une place où la bière est pas chère

Où on peut s’asseoir par terre

Où on joue du Manu Chao à fond la caisse

 

Cher backpacker

Pour le moment, tu t’prends pour un lover

Quand tu vas prendre du bid, toi aussi, tu vas avoir peur

Tu vas sortir tes bids pis être preneur

Fais que lâche moé, a’c tes airs supérieurs

 

Tu cours ta vie sans savoir « why »

Tu vas l’autre bout du monde pour trouver « who I »

Du bar Utopia nul ne part de là

C’est la version hippie d’l’hôtel California

 

À chacun son ivresse en Asie du Sud Est

 

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