L’esprit anthropologique.

Au même moment où j’écrivais mon billet sur le monde arabe, en mars dernier, Jean-Michel Landry, diplômé de l’Université Laval en anthropologie, a publié une lettre d’opinion dans la presse : «les sociétés arabes réclament la dignité».

On le voit chaque jour un peu plus: la grande colère du monde arabe nourrit toutes sortes d’espoirs. Elle réjouit d’une part tous ceux qui croient qu’un peuple trouve dans la solidarité et l’organisation collective la force nécessaire pour combattre les pires gouvernements. D’autre part, quantité d’analyses projettent sur cette effervescence quelques-uns des fantasmes historiques de l’Occident moderne. Au détriment, me semble-t-il, des aspirations politiques des peuples arabes.

Il y a d’abord cette foi tenace en l’avènement d’une ère «post-islamiste» au Moyen-Orient. La révolution égyptienne inaugure une ère post-islamiste, nous dit-on, car elle fut l’oeuvre de mouvements séculiers. De prime abord, rien n’étonne dans cette analyse. On nous a tant répété qu’islam et démocratie sont antithétiques qu’il paraît naturel de déduire que la force politique de l’islam décline lorsqu’un peuple musulman réclame la démocratie.

Un fait, hélas, résiste à l’analyse: 95% de la population égyptienne souhaite voir l’islam jouer un plus grand rôle politique (Pew Research Center, 2010). Est-ce là un cas d’aliénation collective? Peut-être pas.

À lire!

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